Supplique à Monseigneur Percerou, évêque de Nantes

Supplique à Monseigneur Percerou, évêque de Nantes

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La supplique

Monseigneur,

Le 19 septembre dernier, vous avez pris un décret restreignant l’usage de la messe de Saint Pie V dans le diocèse de Nantes, pensant faire en cela une juste application du Motu Proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021.

Ce décret a provoqué dans votre diocèse une très grande tristesse et beaucoup de vos diocésains sont aujourd’hui dans le désarroi à cause de votre décision, et en particulier du soupçon qu’elle jette sur tous ceux qui vivent leur foi grâce à la liturgie antérieure à la réforme de Vatican II : brebis fraîchement converties, jeunes qui se destinent à la vie religieuse ou sacerdotale, prêtres qui donnent leur vie, et familles qui voient grandir leurs enfants dans l’amour du Christ dont le mystère est sublimement exprimé par cette liturgie.

Ses fruits spirituels sont pour nous si abondants que nous sommes choqués par une décision qui provoque une grande souffrance.

De très nombreux fidèles de votre diocèse, qui ne sont pas habitués à la messe de Saint Pie V et vivent leur foi en suivant la messe promulguée par les Saints Paul VI et Jean-Paul II sont eux-aussi profondément atteints par l’injustice de votre décret, et ressentent une grande incompréhension.

Pourquoi casser ce qui fonctionne dans notre diocèse ? L’Eglise de Nantes peut-elle se permettre d’ostraciser ce qui fortifie dans la foi de très nombreux fidèles ? Monseigneur, votre décret heurte nos consciences au plus profond puisqu’il nous demande de considérer comme néfaste ce dont l’Eglise universelle a vécu durant des siècles et à travers tous les continents.

Comme vous l’avez reconnu lors de notre réunion du 6 octobre dernier, Monseigneur, les motifs invoqués par le Pape François, et qui ont présidé à l’adoption du Motu proprio ne recouvrent aucune réalité dans votre diocèse. Tout d’abord, le « choix des célébrations selon les livres liturgiques antérieurs au Concile Vatican II » ne témoigne de notre part aucun « rejet de l'Église et de ses institutions », et nous ne nous considérons aucunement comme la « vraie Église ».

Si des fautes ont été commises, nous sommes prêts, comme tout chrétien, à demander pardon si quelques excès de langage ou de la défiance vis-à-vis de l’autorité ont pu s’introduire chez tel ou tel de nos membres, et nous souhaitons nous convertir si l’esprit de parti ou l’orgueil a pollué nos cœurs.

Ensuite, ce choix liturgique ne signifie pas que nous « excluons la validité et la légitimité de la réforme liturgique », comme le demande François dans son Motu Proprio.

Ces motifs étant sans objet dans notre Diocèse, nous vous demandons très filialement, Monseigneur, pour le bien spirituel de vos fidèles et pour la paix du diocèse, de retirer votre décret.

Certains de vos frères évêques, en France, bien sûr, mais aussi sur d’autres continents, ont d’ores et déjà exprimé le fait que leur diocèse n’était « guère impacté par les directives nouvelles », les communautés qui célèbrent habituellement selon le missel de 1962 vivant paisiblement, c’est à dire exactement comme à Nantes, depuis que vos prédécesseurs ont autorisé l’usage de la Messe de Saint Pie V.

Aussi, Monseigneur, soyez assuré que c’est au nom du bien de nos âmes, de l’unité et de la communion que nous vous supplions, très filialement, de reconsidérer votre décision. Nous vous prions d’agréer, Monseigneur, l’expression de nos sentiments les plus respectueux, et de croire à nos prières aux intentions de votre épiscopat.


Signature

Supplique clôturée


Citations

L’Histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut, à l’improviste, se retrouver totalement interdit, voir considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous de conserver les richesses qui ont grandi dans la Foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place.

Je suis d’avis que l’on devrait accorder beaucoup plus généreusement à tous ceux qui le souhaitent le droit de conserver l’ancien rite. On ne voit pas d’ailleurs ce que cela aurait de dangereux ou d’inacceptable. Une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était alors pour elle tout ce qu’il y a de plus sacré et de plus haut, et à qui l’on présente comme inconvenant le regret qu’elle en a, se met elle-même en question.

La diversité légitime ne nuit pas à la communion et à l’unité de l’Eglise, mais elle la manifeste et la sert, ce dont témoigne la pluralité des rites et des disciplines existants